Vous en connaissez beaucoup des gens courageux,
des héros, des amis ?
N’empêche que les hommes sont des êtres admirables…
- Uranus
Twitter, the mocking bird
Cette semaine, je vais modifier la formule de mon entrée de blogue hebdomadaire et renverser l’ordre de présentation de mes éléments de choix parmi ce qui a marqué mon regard en regard de ce qui m’est passé par l’esprit cette semaine en suivant le fil Twitter de mon compte.
Ainsi, comme je l’ai déjà mentionné au début de cette expérience médiatique à la fois très personnelle et sociale, cette timeline m’est apparu comme un excellent outil pour construire un autre courant narratif. Un courant alternatif qui chercherait à concurrencer le courant continu de la nouvelle conventionnelle et unidirectionnelle (même si cette tendance est à la baisse et n’a jamais été pure) pratiquée par les médias traditionnels.
J’ai décidé de transformer mon usage de cette espace virtuel et celui du réseau social dès le moment où l’effet d’accoutumance décrit et décrié à la fois par Jean-Jacques Pelletier dans son essais Les taupes frénétiques m’est apparu comme étant l’antidote idéal pour préserver mon indépendance d’esprit et ma distance critique face à ce médium d’information très très jeune et particulier.
Je dis « particulier » et « médium » à la fois pour éviter de qualifier de manière extrême un moyen de communication et de socialisation qui est très souvent et trop rapidement associé à tous les vices cachés de notre société de consommation.
Bref, c’est en prenant des termes plus ésotériques et moins catégoriques que je vais définir ici même le réseau social que j’utilise le plus, en combinaison avec Youtube, Chive et Imgur.
Je choisis le mot « particulier » parce que le geai bleu des médias sociaux est semblable à une forêt enchantée. Par « enchantée », il ne faut pas entendre un terme dénué de connotation péjorative, au contraire. D’ailleurs, n’est-ce pas dans une forêt enchantée que le petit chaperon rouge, blanche neige et bien des personnages fictifs issus de l’univers encore bien plus vaste des contes de notre enfance. Univers dans lequel ces héros ou ces héroïnes rencontrent les créatures les plus mystérieuses et les menaces les plus immondes.
Je choisis aussi le mot « médium » plutôt que média parce qu’il me semble que le compte du gazouillis, que l’on pourrait très bien appelé le conte Twitter ou le compte de Twitterland afin de lui donner plus de sens, repousse les limites du concepts développé par Marshal McLuhan : le médium est le message. Que l’on pourrait maintenant ajuster en précisant : le médium est le messager.
Par extension de cette idée ou de cette image(rie), on pourrait également dire que le conte Twitter ou le compte de Twitterland sont des idées qui renversent l’idée que nous nous faisons de la transmission habituelle des idées dans notre société. Une société médiatique encore très jeune et qui n’est pas habituée à prendre conscience de phénomènes sociaux comme la rumeur, le bouche à oreille ou le fameux (mais très incompris) téléphone arabe – élément qui donne d’ailleurs un titre à mes trois derniers billets.
Et ce n’est pas un hasard.
Ce n’est pas un hasard non plus si j’ai croisé le terme téléphone et érable, en référence aux événements du printemps 2012.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, l’un des indices majeurs permettant à une organisation internationale d’évaluer le niveau d’implantation de la démocratie et des droits de la personne au sein d’un pays est le taux de pénétration du téléphone, parmi une population donnée, sur un territoire très précis.
Ce qu’il faut dire également, c’est que le système d’écoute électronique et celui de la délation systémique des régimes dictatoriaux ont très rapidement répondus aux dangers de décentralisation du pouvoir liés à cette technologie. Mais, ces régimes dictatoriaux étant incapables, par besoin de fierté nationale ou idéologique, d’avouer au monde entier leur refus ou leur peur du téléphone, ce moyen très pratique pour abolir les distances et raffermir le tissu social et les luttes contre-révolutionnaires; ces états-policiers se sont elles aussi lancées dans cette course, non pas à l’armement nucléaire, mais à l’armement technologique afin de triompher de leurs ennemis au coeur de la Guerre Froide.
Car la révolution qui a changé le monde, tel que nous le connaissions, ici, en Amérique, ce fût d’abord la révolution agricole, et ensuite la révolution industrielle. Laissez tomber les révolutions politiques et sociales. Elles ne sont pas les véritables prolongements de l’expression humaine. La culture d’un peuple est la véritable expression de celui-ci. Et si, à travers sa technologie, l’être humain prolonge sa volonté chaotique, la culture suit les mêmes voies pour surgir au grand jour et changer le monde.
La politique, d’ailleurs, ne change pas le monde. Elle essaie tant bien que mal de suivre le changement initié avant tout par l’avant-garde culturelle d’une population. Si vous voulez lire l’avenir d’une collectivité, allez au cinéma, entrez dans ces meilleurs théâtres, faites l’inventaire de ces opéras à la mode ou adressés presque exclusivement à son élite, etc. En d’autres termes, on ne change pas le monde, on accompagne le changement ou on le freine politiquement.
Bref, si le monde politique était sur Twitter, il suivrait les comptes des artistes les plus en vues ou les plus en marge de notre époque. Une époque qui disparaît à vue d’oeil, tellement le rythme du changement est accéléré, tellement la dématérialisation du monde a permis à ce monde un extrême légèreté de l’être.
Ce qui nous amène à notre premier segment, qui est habituellement le dernier de ce genre de billet.
ce qui se dit d’intelligent sur les médias…
Paul Watzlawick – Psychothérapeute – Quand la solution est le problème
Donc, voilà le lien vidéo menant à mon premier espace de réflexion sur les médias.
J’ai choisi cette semaine d’inverser l’ordre de présentation de mes segments afin d’illustrer l’utilité de revoir ou de renverser la manière habituelle dont on présente les choses afin de VOIR ses mêmes choses autrement tout en ne les perdant pas de vue.
Pourquoi ? Parce que, parfois, même souvent, nous nous enfermons dans des patterns en croyant que ces méthodes de résolutions de nos problèmes quotidien – notre routine – répond adéquatement à nos besoins.
Comme on le sait, la société de consommation s’efforcent dans ces stratégies de marketing (devrait-on dire de séduction massive ?) ou de conquête du monde (on dit poliment « des marchés ») de transformer des désirs secondaires en besoins fondamentaux. Ou bien des désirs ridicules en aspirations existentielles éphémères.
Ainsi, penser le monde empêche de le dépenser.
Mais notre façon de « trouver » solutions à nos problèmes est toujours la même… et toujours erronée.
Et ce, parce que nous refusons de faire la plus difficile qui soit: ne rien faire ou arrêter de contribuer à reproduire une erreur de production et de reproduction.
Car la société dans laquelle nous vivons est basée sur l’instant, le moment présent, l’immédiateté du désir satisfait.
Son cri est strident et permanent et il ne s’arrête que lorsqu’il se met quelque chose en tête à acheter.
Alors, là, l’homme entreprenant a un plan. Un plan d’épargne ou de crédit. Pour acheter. Mais pour se vendre. Mais pour se vendre à perte de d’âme.
Ça vous rappelle quelque chose ? C’est voulu par celui qui vous écrit. Ça ne vous dis rien ? C’est voulu également. Mais, cette fois, par ceux qui vous apprécient davantage idiots et dociles. Mais pas trop idiots, surtout. Après tout, nous préparons une société du Savoir basée sur le cervotariat. Alors, un peu de sérieux! Mais pas trop dociles, non plus. Soyons sérieux. Nous encourageons l’audace aussi. Mais l’audace qui préserve les acquis des plus riches et des plus puissants de ce monde.
Car, il ne faut pas changer. Le monde doit demeurer un éternel présent. Un temps zéro absolu. Un idéal de nullité vers lequel tendra un jour l’ensemble des salaires.
Et lorsqu’il n’y aura plus ni travail, ni salaire, ce sera la libération. Bien sûr, parce que nous serons de retours en esclavage.
Un si long détour pour revenir à l’époque des pharaons.
Bravo.
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Mais puisque nous voulons VOIR la réalité telle qu’elle est. Regardons-là telle qu’elle n’est pas. Un rêve. Une aspiration collective. Un projet.
Non, les seuls projets acceptables sont ceux qui rejettent la misère humaine dans les marges. Le seul projet possible, c’est celui qui veut que nous rassemblions tous pour faire le ménage de nos berges pour les offrir à nos maîtres de demain, qui feront même venir la main-d’oeuvre d’ailleurs afin de nous épargner l’effort de survivre.
La galanterie du capitalisme sauvage est d’avoir la grâce et la bonté de ne pas insister pour que l’on chante sa gloire. Et c’est la raison pour laquelle la chanson populaire actuelle, qui conquiert le monde, chante une autre version de Fortuna Imperatrix Mundi. Fortune, impératrice du monde.
La bonne fortune est une blonde plantureuse qui devient chauve lorsque tu veux la tirer par les cheveux.
La bonne fortune, maîtresse de toutes les belles frustrations que tu ressens, tu les cherche toi-même dans les émissions qui cherchent du temps de cerveau disponible.
Le néo-libéralisme a cette fascinante faculté d’être l’idéologie suprême. Celle qui ne dit pas son nom, comme le diable, mais qui n’en n’existe pas moins. Et qui ne règne pas moins sur la vie et le sort de chacun.
Hors du marché, point de salut.
Pour toutes révolutions sociales identifiées par les médias, combien de révolutions issues du domaine du marketing, qui carbure justement à l’éternel retour ?
Le repeat business. Thank you, come again. Le mantra du XXIe siècle.
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À toujours vouloir la même chose, nous nous surprenons de toujours échouer à l’obtenir. Le bonheur made in America. La poursuite du bonheur ne fait qu’une promesse: la course folle. La fuite en avant. Le plongeon dans le vide, poussé vers le gouffre avec les bonnes grâces de la « main invisible du marché ».
Tu ne crois pas en dieu mais la banque, elle, croit en toi et ta petite entreprise. Et je ne parle pas ici de commerce ou de petit commerce. Non. La seule entreprise qui intéresse ceux qui achètent et revendent le monde inlassablement, un million de fois par jour, ce sont ceux qui admirent chez nous les caractéristiques du commerce. De la marchandisation de soi.
De la mise en marché du Moi et cie.
Un coach de vie avec ça ?
L’être humain est un atome parfait coincé entre deux tranches de néant, n’oublie pas, comme dirait l’autre con.
ce qui se déroule au Canada…
Dans ce second segment, on enchaîne avec le chômage et encore plus de chômage. Et beaucoup moins d’assurance-emploi.
Et on insiste au passage sur le fait que, si nous vivons dans une dictature idéologique molle qui ne dit pas son nom, il faudrait aussi rappeler que la révolution n’est pas à faire puisque la révolution est l’action qui se déroule actuellement.
Le commerce tourne plus vite que la planète elle-même.
C’est plutôt le discours de résistance qui est un discours contre-révolutionnaire.
Contre le discours du tout à l’égoût. Contre le discours de l’état anti-gravité. L’État zéro. L’État aminci à coups de hache qui produit son fameux lot d’obèses. Curieux paradoxe d’un système économique qui ne cherche qu’à miner ceux qu’ils prétend nourrir. Curieuse habitude d’un système politique qui cherche à désinformer sa population pour faire avancer son agenda économique – plus ou moins caché.
Et c’est comme ça qu’on se retrouve avec une histoire qui pogne le spin de l’économie et qui nous revient en plein visage. Et tout ça parce que la machine de nouvelles en continu s’emballe. Elle a besoin de drames shakespeariens, de divines comédies et de comédie humaine.
Bref, c’est comme ça qu’on se retrouve à parler de référendums et de Constitution alors qu’on n’a de cesse de répéter à la Chambre des communes et à l’Assemblée nationale que les gens ne veulent pas en entendre parler.
Les gens veulent qu’on parle d’économie.
Les gens veulent qu’on place l’économie en haut de nos priorités politiques, c’est connu.
La démocratie, quossa donne ? Regardez la Chine. Est-ce qu’on les écœure les Chinois, avec la démocratie depuis 1989 ? Non. La Chine est devenu membre de l’OMC avant même de se préoccuper des droits de la personne ou de la liberté de religion sur son territoire. Ça devrait être un bel exemple de priorités placées aux bonnes places, non ?
On a cru, ou voulu faire croire que le commerce avec des dictatures allaient faire pénétrer le virus de la démocratie dans le système d’exploitation du Tiers-Monde ou dans celui des pays en développement.
Comme si un pays était sous-développé uniquement en regard de son économie.
Comme si une population était riche uniquement en termes de richesse partagée. Partagée de la façon suivante: on calcule tout ce qui se produit et se vend sur un territoire donné et on le divise équitablement pour donner le produit national brut par habitant.
Une fois qu’on nous a fait croire que « nous sommes plus riches que nous le pensions », on nous dit que le salaire et la rétribution des dividendes se répartissent autrement.
Too bad.
Walmardisation du monde. T’es un « associé »quand vient le temps de te mettre au service de n’importe quel consommateur-roi, mais quand vient le temps de toucher une partie des profits générés par l’entreprise reposant sur le fruit de ton travail et celui des autres associés, on te remet une médaille, un badge (comme chez les scouts) ou un titre ronflant qui te permet de bosser le monde autour de toi. Oh, désolé. Pas autour, mais en-dessous de toi.
ce qui se passe ailleurs dans le monde…
Finalement, c’est ainsi qu’on en arrive à la conclusion de ce billet super encourageant pour la suite.
Non il ne portera pas sur le sujet le plus évident. Ce sujet est la preuve que le « système marche ». Le journalisme d’enquête ouvre la boîte de Pandore mais la referme aussitôt.
Non, il portera plutôt sur le sujet le moins apparent et le plus contradictoire du capitalisme. Celui qui n’est pas rassurant. Celui qui donne raison à Marx et Engels dans leur analyse de la tendance à l’auto-destruction au coeur même du capitalisme.
Est-ce à dire que le communisme ou le socialisme est à nos portes ?
Non. Bien sûr que non. La fascination pour la richesse abondante, indécente, abusive, est beaucoup trop ancré dans notre coeur et notre esprit.
Car il s’agit bien de ce type de combat, lorsque nous allons en Afghanistan apprendre à ces gens-là comment vivre mieux et mieux vivre démocratiquement, non ? Gagner le coeur et l’esprit de ses habitants.
Ça en dit énormément sur nous-même. Sur le rôle de l’armée, de la police, de la milice privée. Sur le but du marketing. Sur la futilité de l’existence qui se gagne et se perd inlassablement, sans espoir de rédemption puisque ce n’est pas inclus dans le forfait le plus abordable de ce théâtre de marionnettes sans fil.
Est-ce une raison pour dire NON au bonheur ? Pour se révolter ou, plutôt se contre-révolter (résister ?) ?? Pas du tout.
Dans les deux cas de figures, soit vous êtes fou et le monde va très bien, merci; soit le monde est fou et tout le monde va tomber malade en même temps.
Pourquoi paniquer ?
Comme dirait Albert (Camus, pas Einstein !), il faut imaginer Sisyphe heureux. Vous pouvez donc m’imaginer resplendissant de bonheur. Et je vous souhaite le même aveuglement. Jusqu’à la fin de nos jours, parce qu’on risque tous de mourir ensemble, en même temps, à défaut de savoir vivre ensemble.
C’est-y pas merveilleux, tout ça ?
Eh oui, car c’est le secret d’Uranus.